Et bien, ça ne va pas être facile avec toutes ces têtes d’enterrement !
Je suis sûr qu’il aurait adoré que je dise ça.
Vous qui avez tous connu Serge, tout comme je l’ai connu, vous comprendrez que je ce n’est pas concevable pour moi de me retrouver là, devant vous, et devoir lui rendre un dernier hommage, sans le faire à son image.
Vous savez ô combien ces derniers jours ont été difficiles. Mercredi, nous avons a déjà pleuré toutes nos larmes lors du dernier aurevoir à son frère, Jean-Pierre, et aujourd’hui, si Serge était là, il dirait à coup sûr que « ça va barder pour notre matricule »… Et oui papa, ah non de Zou ! Tu nous avais prévenu, et nous voilà bien comme tu disais dans une belle péniche d’emmerdement !
Alors je vous remercie du fond du cœur pour tous ces innombrables témoignages d’affection envers lui, et de soutien envers nous que nous avons reçu, chaque jour, de toute part et encore aujourd’hui, avec votre présence qui nous donne de la force pour affronter la suite.
D’ailleurs, ce qui ne m’a pas surpris, mais m’a profondément touché, c’est de ressentir à quel point notre Sergio, est le genre de personne dont on se souvient quand on le croise, même peu, même pour la première fois. Ce type de personnalités que l’on a envie de revoir, qui laisse toujours un bon souvenir.
Vous avez tous en pensant à lui une anecdote, une image de lui ou même d’une de ses gentilles crasses qui vous revient et vous donne automatiquement le sourire. J’en suis certain.
D’ailleurs Christian, Pascal, je vous balance l’info vous me remercierez plus tard, mais la voix est libre, puisque même toutes les cousines m’ont dit que c’était leur cousin préféré !
Alors aujourd’hui, malgré la lourdeur de l’événement, ma mission est très délicate, déjà d’être ici, comme je vous laisse l’imaginer, mais j’aimerais que l’on arrive, si ce n’est pas à rire, au moins à sourire, l’espace d’un instant, une dernière fois à ses côtés, en son honneur.
Et oui, parce que Serge c’était cette personne qu’on adore avoir près de soi. Son sens de l’humour toujours finement aiguisé, sa répartie chirurgicale et sons talent inné pour sortir la blague tiré du contexte de la discussion en cours.
Sa spéciale, quand il pouvait la placer, c’était de prendre un air sérieux, de captiver l’attention de l’audience pour l’amener vers une chute parfois aussi pourrie qu’inattendue, mais toujours extraordinairement efficace. S’il y avait besoin d’une manière ou d’une autre de faire retomber la pression ou de surenchérir sur les conneries des copains, il avait toujours le mot juste.
Et pour vous rappeler comme il a élevé le niveau, en termes de bambannerie, on est quand même en train de parler de quelqu’un qui à la vingtaine, a réalisé ce qui pour moi reste le coup parfait. réussi, avec la complicité de son frère.
Je trouve ça totalement représentatif de ce dont il était capable. J’aurais adoré trouvé mieux je dois l’admettre… mais je cherche encore, sans déconner. Mais parfois il faut s’avoir s’incliner.
A cette époque, il avait embarqué tout le monde dans son grand délire, un chef d’œuvre, celui de réussir à se faire organiser un faux enterrement de vie de garçon.
Disons plutôt un vrai enterrement de vie de garçon, sans avoir de copine… Respect papa.
Donc peut-on rire de tout ? Si certains se posent encore la question, mon père avait la réponse lui. Il faisait feu de tout bois, en toutes circonstances, avec quelques fois tous les moyens disponibles.
Si bien qu’à force ses amis lui ont octroyé le doux surnom, et ô combien légendaire de pot de merde…
On est d’accord. Ca n’existe pas, en vrai ? Que ce soit sur terre, dans les films, les livres et même de sciences fiction, je suis certain qu’il n’y a pas une autre personne dans le monde qui porte ou a pu porter ce surnom. Au moins dans sa traduction littérale j’entends. J’ai pas encore fait de recherches sur la phonétique mais je suis sur de moi !
Et d’ailleurs j’ai vraiment personnellement compris l’ampleur de ce surnom, lorsqu’il a reçu un incroyable retour de bâton pour ses 40 ans. Totalement hallucinant au travers de mon regard de petit gars de 10 ans.
C’est simple, voici quelques points clés :
Notre maison avait été mise en vente à prix d’ami, à l’époque tout le monde avait des téléphones fixes, donc ça sonnait en permanence, c’était l’enfer.
Des affiches annonçant une soirée exceptionnelle au Palais Omnisport de Ste Julie avec sa caricature avaient été placardées je ne sais pas combien de temps avant l’événement à je ne sais combien de kilomètres aux alentours !!!
Pendant la soirée forcément tout le monde y est allé de son petit show, il a reçu en cadeau, sans surprise, toutes les conneries possibles et imaginables, jusqu’à s’il vous plait : Je vous décris la scène parce qu'elle est géniale pour ceux qui s’en rappellent.
Mon père, les yeux bandés, (qui a toujours dans un coin de sa tête voulu être un motard, mais qui a plié tellement de voitures pour les envoyer en destination de la casse qu’il n’a toujours pas vraiment passé le pas), et autour, tous ses amis pliés en quatre qui se retiennent d’éclater de rire… L’un d’entre eux lui remet un trousseau de clé dans la paume de la main, et la, s’il vous plait, voilà qu’arrive une chèvre avec sur les cornes des poignets de moto… qui avaient été emboitées. Papa les touche, reste perplexe jusqu’à monter sur le dos de son nouveau bolide !
Sans compter la maison qui avait été murée pendant la soirée, donc on ne pouvait pas rentrer chez nous, et l’abonnement de la vente de la maison sur le Paru Vendu qui nous a encore bien emmerder pendant les jours suivants.
Et oui, parce que le Serginho qu’on a tous en tête, c’est exactement ça qu’il aimait. Le rire, les amis, la famille, la franche camaraderie, les rapports humains, la convivialité : la fête. (le partage)
Chez lui, de tous temps, que ce soit en roulotte ou dans la pierre, ce n’était pas une maison, c’était un hôtel ! Et encore, on ne peut pas vraiment dire un hôtel, mais plutôt un refuge. Car en vrai vous n’aviez jamais rien à payer pendant le séjour. La porte toujours ouverte, il accueillait tout le monde à bras grands ouverts, il y a avait toujours un coup à boire, un non… ! ah non non je peux pas refuser, et surtout du Kafinir, tout ça plus récemment quand le temps le permettait, sous sa fameuse paire de golas.
Une chaine de sport sur la TV du salon en sourdine (il était fan de sport, donc il regardait tout ! un fond musical, un petit plat qui mijote à feu doux dans la cuisine, des discussions argumentées entrecoupées d’éclats de rires, et au final, les gens restaient.
Il adorait accueillir, rassembler et partager.
Hors vacances, son rythme de croisière était de rentrer le weekend, ou un weekend par mois voir beaucoup moins lors de ses longs déplacements, notamment ses longues missions à l’étranger.
Rares sont les personnes qui savent réellement se sacrifier pour les autres. Il était contraint de passer plus de temps ailleurs que chez lui, on ne le voyait pas beaucoup, mais on a jamais manqué de rien.
En effet, celui qui était tout sauf un branleur, comme il aimait le dire, sans même son certificat d’étude, était devenu le Monsieur Sécurité dans le petit monde de la grosse chaudière industrielle à l’international.
Alors pour lui particulièrement, le weekend était sacré lorsqu’il pouvait rentrer.
Si bien qu’on est arrivé pendant de longues années, à se retrouver quasi systématiquement tous les dimanches soir chez lui. Le rendez-vous des angoissés du lundi, dont j’étais un membre assidu attention, et qui savaient qu’ici, à ses côté, ils allaient terminer ces derniers instants sur une bonne note, une note joyeuse.
Et c’est aussi chez cette même Tata Serge qu’ont eu lieu sous son impulsion quelques fêtes de cousins.
Si on considère la fête des Rat comme la coupe du monde, ayant lieu tous les 3 ou 4 ans. Le projet de la fête des cousins était de faire une réunion annuelle, une sorte de Champions League pour bien préparer la grande compétition !
Enfin, j’aurais pu parler encore de tellement de choses…
Mais voilà, on se retrouve ici au sein du clos Mazier, avec une belle symbolique. Le bâtiment qui abrite le club des jeunes de chazey. Ce fameux club des jeunes et cette vogue à chazey, là où on peut dire que sa légende a commencé.
Sa seule volonté était de laisser une trace, ici, le village de son cœur. Nous sommes soulagés pour lui car ce sera chose faite, auprès de son papa, juste derrière. En terme de trace il laisse également derrière lui dans sa maison à deux pas d’ici au sein de son salon/séjour, le musée d’Art et d’Histoire d’Afrique de Chazey-sur-Ain, ainsi que la dernière DVDtèque répertoriée en Europe de l’Ouest depuis l’arrivée des plateformes de streaming (Plus de 300 films, au moins). Franchement, qui n’a jamais emprunté un DVD à mon père ici ?
Mais si jamais il pouvait laisser une trace également dans vos cœurs, J’en serais le plus heureux.
Je vous propose un truc, c’est que pour les prochains 24 décembre, jour de son anniversaire, j’imagine que vous serez à table ? Si vous y pensez, faites une petite blague en la dédiant au fond de vous à Serge.
Et comme tout mouvement se doit d’avoir un début, pour le lancer, je voulais vous raconter une blague de mon père qui m’a marqué petit parce que je ne l’avais pas comprise, mais je la trouve excellente. Et vous saviez comme mon père aimait faire les accents… Alors pour conclure, je vais vous raconter l’histoire d’un belge, à la manière de mon père…